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Par Fany le 6 Janvier 2016 à 09:28
Je ne suis pas une grande spécialiste des cartes mentales même si je vous en ai déjà parlé pour une application en rééducation (la polysémie), c'est là. D'ailleurs, dans les commentaires de cet article, vous trouverez des idées d'utilisation par JuCat et par Caro (qui en parlait déjà pour le CR, comme vous allez le voir par la suite sur cet article).
Récemment, j'ai trouvé une autre application : expliquer notre travail.
La première, très simple, sert à se mettre d'accord avec les adolescents sur les objectifs qu'on peut se fixer.
La seconde, je m'en sers pour expliquer les résultats du bilan avec le compte-rendu sous les yeux et j'y rajoute des termes complexes, que j'ai pu utiliser dans le compte-rendu.
Et vous, comment expliquez-vous votre travail ? Aux adolescents ? Aux parents ? Quelle utilisation avez-vous des cartes mentales si vous en faites ?
Mes cartes mentales ont été réalisées avec un site gratuit, que j'avais déjà utilisé et qui a changé un peu son mode de fonctionnement : framindmap. Je vous les ai faites avec pour que ce soit plus joli mais je les trace devant les parents ou ado dans mon bureau. Utilisez-vous des applications de carte mentale ? Si oui, lesquelles ?
C'est la première fois que vous venez sur le blog ? Un document pour vous aider à voir ce que vous pouvez y trouver dans ce billet.
2 commentaires -
Par Fany le 8 Octobre 2015 à 10:35
Pour écrire cet article, j'ai cherché d'autres articles que ceux que je connaissais mais beaucoup sont en anglais et cela va me prendre un peu de temps pour lire et intégrer. Je peux déjà vous faire part de ce que je savais déjà, issu de mes lectures en français, lectures plus générales et que je vais parfois argumenter avec des articles plus récents.
La répétition de pseudo-mots est très utilisée dans les bilans orthophoniques mais savons-nous exactement ce que nous évaluons et quand elle peut être particulièrement intéressante ? La répétition de pseudo-mots teste la programmation motrice, c'est-à-dire la capacité de créer un programme moteur, pour un mot inconnu, non contenu dans le lexique. Le programme moteur spécifie les gestes articulatoires requis pour la prononciation des mots. Je fais référence ici au modèle de Stackhouse et Wells adapté par Schelstraete dans son livre Traitement du langage oral chez l'enfant, dont vous trouverez la fiche de lecture ici.
Quand l'utiliser ? Quelles indications nous donne t-elle ?
- Dans les cas de bilinguisme, elle est un marqueur de potentiel de trouble du langage spécifique puisqu'elle est indépendante de la langue. Ainsi, un enfant avec une répétition de pseudo-mots déficitaire a des risques d'avoir un trouble du langage oral qui n'a pas forcément de lien avec son bilinguisme. Cela fait partie des recommandations de Paradis, Geneese et Crago (2011) cité par Veillette et MacLeod dans leur article paru dans ANAE sur la dysphasie, n° 131.
- Pour les grands, avec des difficultés de langage résiduelles ou avec un trouble du langage, cela peut montrer qu'il y a eu un trouble spécifique du langage oral. En effet, la première étude qui l'a montré date de 1996 et a été menée par Dorothy Bishop et ses collaborateurs. Dans mes dernières recherches de biblio, j'ai trouvé une étude plus récente de 2011 (G. Baird V.Slonims E. Simonoff K. Dworzynski, Impairment in non-word repetition: a marker for language impairment or reading impairment?, Developmental Medicine & Child Neurology 2011, 53: 711–716). Dans cette étude, les enfants avec un trouble du langage oral ont un score en moyenne de 83,57% dans l'épreuve de pseudo-mots , les enfants avec une histoire de trouble du langage oral ont un score de 91,3 % et les enfants sans trouble du langage oral ont un score de 99,52%. Ces différences sont significatives. Vous pouvez aussi lire (ou relire) le mémoire que j'avais dirigé en 2011 aussi (en français) qui le montre aussi et qui est téléchargeable sur le blog. Ainsi, si on trouve que ce grand a une histoire de trouble du langage oral, cela pourrait éventuellement expliquer un trouble de la compréhension écrite. C'est un peu plus complexe que cela, car les troubles de la compréhension écrite seraient plus liés à des déficits sémantiques qu'à des déficits phonologiques mais comme ceux-ci sont souvent présents ensemble dans les troubles sévères du langage oral...
- En rééducation, la question c'est faut-il utiliser des pseudo-mots ou pas pour la phonologie ? Les études ne sont pas unanimes. Y'a-t-il une généralisation possible quand on utilise plutôt les pseudo-mots ? Ou pas ? Pour l'instant, on ne sait pas trop.
Et vous, utilisez-vous la répétition de pseudo-mots ? Dans quels cas ? Qu'en attendez-vous ?
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6 commentaires - Dans les cas de bilinguisme, elle est un marqueur de potentiel de trouble du langage spécifique puisqu'elle est indépendante de la langue. Ainsi, un enfant avec une répétition de pseudo-mots déficitaire a des risques d'avoir un trouble du langage oral qui n'a pas forcément de lien avec son bilinguisme. Cela fait partie des recommandations de Paradis, Geneese et Crago (2011) cité par Veillette et MacLeod dans leur article paru dans ANAE sur la dysphasie, n° 131.
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Par Fany le 30 Septembre 2015 à 10:38
La question récurrente dans les diagnostics en orthophonie est la distinction trouble/retard. Si on prend une définition du Dr Gérard, le trouble fait référence à une anomalie de la structure alors que le retard est fonctionnel. Cela sous-entend que le trouble est lié à un dysfonctionnement dans le cerveau alors que le retard est plus lié à des facteurs environnementaux. Dans le cas des troubles, des difficultés et des retards de développement, cela est complexe et les dernières études le montrent bien. Ainsi, aujourd'hui, de nombreux auteurs posent l'hypothèse d'une anomalie biologique d'origine génétique, qui va être potentialisé, révélé par des facteurs environnementaux. L'environnement va déterminer l'importance et le type de trouble. C'est notamment la conclusion du dernier livre de Michel Habib (la constellation des dys). Aujourd'hui, nous n'avons aucun moyen d'objectiver le défaut biologique : pas d'IRM, pas de prise de sang, pas d'EEG, donc pas d'examen biologique. Le seul moyen d'évaluer le trouble, ce sont des examens comportementaux. Le bilan psychométrique, le bilan orthophonique, le bilan en psychomotricité, etc … ne mesurent que des comportements en réponse à des stimuli, qui sont donc particulièrement dépendants de facteurs environnementaux immédiats (fatigue, émotivité de l'examinateur et du sujet, contexte, …). Et quoi qu'on en dise, il n'y a pas réellement d'étude qui nous montre quels seraient les symptômes d'un défaut biologique.
Parmi les facteurs environnementaux, il y a le niveau socio-culturel et la réticence qu'on a posé un diagnostic de dys chez les enfants issus de ce milieu parce que c'est bien connu, les troubles des apprentissages sont plus fréquents dans cette population. Ainsi, on trouve des déficits cognitifs sous-jacents communs aux populations favorisées et défavorisées. Cependant, les populations favorisées bénéficient de dépistage plus précoce, de prise en charge et de connaissances langagières plus élaborées pouvant compenser le déficit phonologique, tout cela fonctionnant comme des facteurs de protection. Si vous désirez en savoir un peu plus sur facteurs socio-culturels en lien avec les troubles de la lecture, je vous suggère la lecture des article de l'équipe de Catherine Billard autour de l'étude réalisée à Paris sur plus de 1500 enfants que vous trouverez ici, là ou encore là.
Finalement, il n'y a probablement pas de différence biologique entre trouble et retard. Il ne semble y avoir qu'une protection ou une aggravation de l'anomalie de départ sous l'influence de facteurs environnementaux.
Cet exemple montre aussi l'importance de la mise en évidence de troubles cognitifs sous-jacents. Ainsi, un enfant avec un trouble cognitif sous-jacent pourrait recevoir le diagnostic de dys quelque chose, de trouble, d'origine génétique alors que l'enfant qui n'a pas ce déficit aurait un retard, probablement dû à des facteurs environnementaux (la méthode de lecture en faisant partie, par exemple). Cependant, la mise en évidence de déficit cognitif sous-jacent est assez facile chez les enfants dyslexiques (conscience phonologique) mais chez les enfants dysphasiques, cela est plus complexe. Cependant, même chez les enfants dyslexiques, on trouve des enfants sans déficit de la conscience phonologique (cf. Habib et mon article) avec des vrais déficits de lecture, durables et sévères.
En l'état actuel des connaissances, il est bien difficile de déterminer avec précision si et comment l'enfant va ou non récupérer et si cette récupération sera illusoire ou pas, parce là est l'enjeu principal des diagnostics de trouble ou retard.
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Par Fany le 15 Avril 2015 à 10:10
Le compte-rendu de bilan orthophonique est une obligation de notre profession. Tous les orthophonistes le savent et nombreux sont ceux qui râlent après leurs soirées passées à écrire ces satanées feuilles finalement peu lues par d'autres personnes que leurs auteurs.
Il m'arrive de râler aussi, de ne pas avoir envie d'en rédiger. J'ai beau être salariée, il faut aussi que je fasse des comptes-rendus, et pas toujours sur mon temps de travail … Mais… en vrai, j'aime écrire les comptes-rendus. Pourquoi ?
Parce que j'aime bien ce moment où je réfléchis à nouveau sur les résultats de ce bilan. J'aime me poser des questions qui n'ont pas forcément émergé au moment où j'ai analysé rapidement les résultats (pour la restitution aux parents, pour savoir ce que je vais faire en rééducation). Coucher tous les mots sur papier permet de prendre du recul, et aux questions supplémentaires, s'ajoutent parfois des réponses, des compléments, des explications. Ce n'est que lorsque le compte-rendu est tapé, relu plusieurs fois (oui, je relis plusieurs fois à distance), que je me dis que la rééducation sera bien menée. Il est donc source de réflexions, de perfectionnement.
Et donc de formation continue… Et encore plus quand il s'agit de lire les compte-rendu des consœurs. Parce que non seulement j'aime les écrire, mais j'aime aussi les lire. Ceux des collègues m'ont, quand j'ai commencé, beaucoup appris et ils continuent de m'apprendre des choses. Je perfectionne mon propre vocabulaire, mes analyses, ma rédaction. Je réutilise ce que j'ai lu ailleurs, j'envisage des manières de faire différentes.
Alors oui, les comptes-rendus, c'est pénible mais quand ils sont finis, ils sont source de satisfaction parce qu'en plus de la satisfaction du travail terminé, ils nous ont apporté une profonde réflexion que nous n'aurions pas eu sans eux.
Et vous ? Y trouvez-vous quelque chose d'intéressant dans ces satanés compte-rendu ?
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Par Fany le 21 Janvier 2015 à 08:15
J'ai cherché où mettre cet article et je l'ai mis dans la rubrique bilans car l'accompagnement parental commence dès le bilan.
J'ai envie de rebondir sur une phrase que j'ai particulièrement appréciée dans l'intervention d'Agnès Bo à Bichat : "tout parent est acceptable". Cette phrase est à méditer, à accrocher dans nos bureaux, voire nos salles d'attente.
Je conçois l'accompagnement parental comme une rencontre entre 3 sujets : l'enfant, les parents (voire la famille entière dans certains cas) et moi. Nous avons à échanger autour des représentations que l'on a chacun de l'enfant et de ses interactions avec le monde (au sens large) modifiées par la pathologie, le trouble. Pour moi, "tout parent est acceptable", ça suppose ça : partir des représentations des parents, de là où ils en sont. On ne peut rien changer si on ne s'inscrit pas dans ce que les personnes connaissent déjà. Pour questionner les parents dans un vrai dialogue (cf. matériel dialogoris), il faut un maximum d'empathie et de bienveillance. On peut poser quasiment toutes les questions qu'on veut si on s'inscrit dans ce climat qui va induire confiance, et ce, parfois même au cours du premier entretien. On part sans a priori, sans stéréotype et on construit ensemble notre échange.
L'exemple qui me vient là parce qu'il fait partie de mon quotidien et qu'il était d'actualité sur un réseau social (questionnaire d'étudiantes, que je trouvais stigmatisant), c'est celui du bilinguisme et le sujet qui vient avec, l'immigration, la culture. Je pose des tas de questions qui vont nous permettre d'échanger sur le rapport aux langues, aux cultures, questions qui peuvent paraitre inquisitrices, mais je n'ai jamais eu de problème, avec aucun des parents avec qui j'en ai parlé. Et on se rend compte qu'il n'y a pas de généralité. Les choix des parents sur les langues dépendent de leur histoire, en lien, bien sûr, avec une histoire des civilisations (on ne peut pas nier l'influence de la colonisation quand on parle de l'Algérie, et donc du français) mais chaque parent en fait quelque chose de différent.
L'autre exemple qui me vient et me parle s'inscrit aussi dans la culture et la différence, c'est celui des enfants issus de milieux moins favorisés que celui dont est issue la grande majorité des orthophonistes. Bishop explique très bien que le lien entre milieu défavorisé et pathologie peut se voir avec la génétique. Le trouble du langage (ou des apprentissages) ne permet pas la meilleure intégration sociale possible, du fait des difficultés scolaires et vu qu'il y a des familles entières de personnes avec des troubles du langage, il est logique qu'on trouve plus de personnes atteintes de ces troubles dans ces milieux. Par ailleurs, souffrant eux-mêmes de troubles, les parents sont moins à même d'avoir une stimulation efficace pour leurs enfants, ce qui crée un cercle vicieux.
Une fois qu'en tant qu'orthophoniste, je connais les représentations des parents, je dois m'appuyer sur ce qu'ils sont pour travailler avec eux à une meilleure stimulation de leur part. Une fois que je connais leurs liens à leur culture d'origine, alors, je peux me renseigner sur cette culture pour mieux les comprendre sans oublier de verbaliser mes propres interrogations et incompréhensions.
L'accompagnement parental me questionne encore, comme tous les domaines, il va sans dire, mais peut-être encore plus que tous les autres domaines. Je viens de vous livrer une première partie sur les représentations, le dialogue. Et vous ? Êtes-vous à l'aise avec cette étape (se questionner sur les représentations) dans votre pratique ? Comment vous y prenez-vous ? Comment abordez-vous l'accompagnement parental ? Qu'aimeriez-vous que je développe ?
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