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L'accompagnement parental : les représentations
J'ai cherché où mettre cet article et je l'ai mis dans la rubrique bilans car l'accompagnement parental commence dès le bilan.
J'ai envie de rebondir sur une phrase que j'ai particulièrement appréciée dans l'intervention d'Agnès Bo à Bichat : "tout parent est acceptable". Cette phrase est à méditer, à accrocher dans nos bureaux, voire nos salles d'attente.
Je conçois l'accompagnement parental comme une rencontre entre 3 sujets : l'enfant, les parents (voire la famille entière dans certains cas) et moi. Nous avons à échanger autour des représentations que l'on a chacun de l'enfant et de ses interactions avec le monde (au sens large) modifiées par la pathologie, le trouble. Pour moi, "tout parent est acceptable", ça suppose ça : partir des représentations des parents, de là où ils en sont. On ne peut rien changer si on ne s'inscrit pas dans ce que les personnes connaissent déjà. Pour questionner les parents dans un vrai dialogue (cf. matériel dialogoris), il faut un maximum d'empathie et de bienveillance. On peut poser quasiment toutes les questions qu'on veut si on s'inscrit dans ce climat qui va induire confiance, et ce, parfois même au cours du premier entretien. On part sans a priori, sans stéréotype et on construit ensemble notre échange.
L'exemple qui me vient là parce qu'il fait partie de mon quotidien et qu'il était d'actualité sur un réseau social (questionnaire d'étudiantes, que je trouvais stigmatisant), c'est celui du bilinguisme et le sujet qui vient avec, l'immigration, la culture. Je pose des tas de questions qui vont nous permettre d'échanger sur le rapport aux langues, aux cultures, questions qui peuvent paraitre inquisitrices, mais je n'ai jamais eu de problème, avec aucun des parents avec qui j'en ai parlé. Et on se rend compte qu'il n'y a pas de généralité. Les choix des parents sur les langues dépendent de leur histoire, en lien, bien sûr, avec une histoire des civilisations (on ne peut pas nier l'influence de la colonisation quand on parle de l'Algérie, et donc du français) mais chaque parent en fait quelque chose de différent.
L'autre exemple qui me vient et me parle s'inscrit aussi dans la culture et la différence, c'est celui des enfants issus de milieux moins favorisés que celui dont est issue la grande majorité des orthophonistes. Bishop explique très bien que le lien entre milieu défavorisé et pathologie peut se voir avec la génétique. Le trouble du langage (ou des apprentissages) ne permet pas la meilleure intégration sociale possible, du fait des difficultés scolaires et vu qu'il y a des familles entières de personnes avec des troubles du langage, il est logique qu'on trouve plus de personnes atteintes de ces troubles dans ces milieux. Par ailleurs, souffrant eux-mêmes de troubles, les parents sont moins à même d'avoir une stimulation efficace pour leurs enfants, ce qui crée un cercle vicieux.
Une fois qu'en tant qu'orthophoniste, je connais les représentations des parents, je dois m'appuyer sur ce qu'ils sont pour travailler avec eux à une meilleure stimulation de leur part. Une fois que je connais leurs liens à leur culture d'origine, alors, je peux me renseigner sur cette culture pour mieux les comprendre sans oublier de verbaliser mes propres interrogations et incompréhensions.
L'accompagnement parental me questionne encore, comme tous les domaines, il va sans dire, mais peut-être encore plus que tous les autres domaines. Je viens de vous livrer une première partie sur les représentations, le dialogue. Et vous ? Êtes-vous à l'aise avec cette étape (se questionner sur les représentations) dans votre pratique ? Comment vous y prenez-vous ? Comment abordez-vous l'accompagnement parental ? Qu'aimeriez-vous que je développe ?
Tags : accompagnement parental, parent, bilan, representation, empathie, bilinguisme, cutlure
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