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Enrichir le lexique des verbes
Chez les enfants dysphasiques, les études montrent souvent que le nombre de verbes différents est souvent inférieur à celui d'enfants avec le même âge de développement langagier. Et je trouve qu'on parle assez peu de l'enrichissement lexical au niveau des verbes, c'est d'ailleurs pour cela que j'avais fait travailler mes étudiantes à ce sujet, voir là.
Un des enfants que je suis, je vous ai déjà parlé de lui ici, a un niveau de lexique passif tout à fait correct pour son âge mais par contre, on trouve des difficultés pour les verbes en lexique passif mais aussi en expressif (aucun verbe correct à l'EVALO).
Je me suis demandé comment j'allais pouvoir travailler cela. Je voulais une approche par contexte (cf livre Schelstraete). Et en dehors du problème de comment, j'avais aussi le problème du matériel : quoi utiliser ? Je ne connais pas et je n'ai pas de matériel utilisant des verbes. On trouve sur Internet des imagiers de verbes (voir sur mon Pinterest ici). Pour mon approche par le contexte, j'avais besoin de présenter le verbe dans différentes phrases pour avoir une généralisation. Alors j'ai utilisé Artiskit et j'ai fabriqué des cartes où le verbe revient dans 4 images différentes avec des sujets et des objets différents. L'idée de mon approche par contexte, c'était aussi que le petit Canard apprenne par lui-même à enrichir son lexique en analysant les phrases qu'il rencontre, qu'il puisse inférer le sens des verbes proposés et qu'ensuite, il fasse cela aussi dans le langage qu'on lui adresse.
Voici le « protocole » que j'ai utilisé pour chaque verbe :
1/ désignation d'une image contenant le verbe à travailler parmi des verbes dans des phrases SVO avec S et/ou O différent
2/ désignation d'un image contenant le verbe à travailler parmi des verbes dans des phrases SV avec S identique
3/ Devant une image contenant ou non le verbe à travailler, l'enfant répond Vrai ou Faux.
4/ Même chose.
5/ Dénomination des images déjà abordées.
Il est possible de rester plus longtemps sur une étape si ce n'est pas automatique pour l'enfant.
Exemple avec le matériel pour le verbe aider :
1/ le père aide la fille/le garçon arrose les fleurs/la fille porte un seau.
2/ le père aide le garçon/le père caresse le chien/le père porte le canapé.
3/ la mère aide le garçon. Vrai
4/ le père aide la fille devant le père applaudit la fille. Faux.
5/ le père aide la fille.
6/ le père aide le garçon.
7/ la mère aide la fille.
8/ la mère aide le garçon.
Pour que ce protocole soit plus fun, j'utilisais les plateaux carotte de Julie Cattini dans Artiskit, où à chaque réponse correcte, on avance le pion d'une case. Sur certaines cases, on gagne des morceaux d'un "pantin" qui est assemblé à la fin du plateau de jeu.
On peut adjoindre un pictogramme par verbe, mais là encore, j'ai eu un problème car peu de verbes que je proposais sont illustrés dans la base de pictogrammes de PictoSélector :(
Et vous, comment faites-vous pour travailler sur les verbes ? Avez-vous dans vos patients ce genre d'enfants ?
Tags : verbe, reeducation, lexique, Artiskit, materiel, protocole, procedure
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Commentaires
2MarlèneJeudi 4 Décembre 2014 à 20:05Merci pour cette idée !
Pour ma part j'essaie si possible d'obtenir des photos de la famille ou de l'entourage de l'enfant, avec une personne seulement sur chaque photo. Et j'utilise aussi la boite "l'imagier des verbes de Père Castor", pour les images des verbes.
Je fais donc des sortes de "pictos carrés" avec chaque membre de l'entourage. Idem pour les verbes.
Puis on associe un picto "quelqu'un" avec un picto "verbe". Par exemple : papa + manger, ce qui fait "papa mange". Puis on change les pictogrammes "quelqu'un" pour obtenir plein de combinaisons possibles. : maman mange, Elsa mange, papy mange... et on recommence avec d'autres verbes. On rajoute aussi un 3ème pictos selon le niveau, et pour les verbes transitifs (par exemple "maman" + "regarde" + "la banane" ; puis on change avec "papa" + "regarde" + "le chien".
Puis chacun notre tour, on crée une phrase avec les pictos, et l'autre doit deviner la phrase. Ou l'inverse, on dit une phrase, et l'autre doit la construire en pictogrammes.
Des fois je le fais sur support powerpoint, et ça passe encore mieux! Mais là l'enfant ne peut pas manipuler ; par contre il repart avec le powerpoint chez lui.3CaroHeimJeudi 4 Décembre 2014 à 23:11PS : depuis ma forma avec Elsa Dall'Agnol, j'ai pris conscience de ma tendance à vouloir aller trop vite et ton protocole va tout à fait dans le sens de ce que j'essaye de faire à présent (ne vas pas trop vite Caroooooo) !
Ca me permet de m'en rappeler et je vais mettre en pratique rapidement !
Caro, j'aime bien ton idée d'intrus sémantiques des verbes et d'ailleurs, je pense qu'on peut aussi faire d'autres fiches, les objets pour car pareil, il y en a peu dans Artiskit.
Marlène, la limite des photos avec la famille (en dehors des aspects pratiques), c'est de trouver des tas d'idées de verbes. Tu donnes des idées à la famille à partir du lexique des verbes du Père Castor ?
5CaroHeilDimanche 7 Décembre 2014 à 13:28Je rajoute ça dans mon to do book Fany !Caro ;)
Et tout le monde aura corrigé, il y a peu de fiches "les objets pour" dans Lexique Vivant et non dans Artiskit.
Je suis à fond sur tout ! J'essaie de me garder du temps un peu chaque semaine pour lire, alors du coup je croque tout : cognition numérique, dysphasie, compréhension (un grand monde pour moi) bilinguisme, et dernièrement bégaiement et EIP. Ca en fait des choses !
11VéroVendredi 12 Février 2016 à 13:09Pour ma part, j'aime bien travailler les verbes en situation réelle.
En effet, surtout pour les dysphasiques, il me semble important de les ancrer dans le temps vécu, dans la réalité avant de passer à la symbolisation par l'image.
Nous allons donc vivre et dire les actions, avant de passer à la symbolisation du mime puis de l'image. Nous choisissons des actions que nous pouvons faire dans le bureau et qui peuvent durer. (marcher, tirer une chaise, écrire...).
Nous modifions à loisir celui qui parle et celui (ou ceux) qui fait l'action, de manière à varier les pronoms, les stagiaires et parents sont alors les bienvenus pour travailler la 3ème personne et le vous. A défaut, j'utilise peluches, poupées, marionnettes ou figurines.
Il s'agit ensuite de s'inscrire dans le temps vécu et de dire :
- ce que l'on va faire ou fera pour le futur avant de faire l'action,
- ce que l'on fait en faisant l'action pour le présent (et pas juste avant ou juste après)
- ce que l'on a fait quand l'action est terminée, pour le passé.
Soit le patient fait l'action et dit ce qu'il fait (à fait ou fera) (emploi du JE), soit il me parle de ce que je fais (ai fait ou ferai) (emploi du TU), soit il dit ce que nous faisons (avons fait ou ferons) (emploi du nous), pour la 3ème personne et pour le vous, j'utilise soit une tierce personne (parent, stagiaire) soit une poupée, une marionnette qui fait seule ou avec moi.
Nous passons ensuite à des actions mimées et /ou aux images.
12m-lisVendredi 12 Février 2016 à 13:34Bonjour Véro,
je fais aussi vivre les verbes mais cela concerne les premiers verbes d'acquisition. Dans mon billet, je parle (mais je n'ai pas été assez explicite) d'enfants de plus de 7 ans qui connaissent les verbes de base, voire un peu plus, n'ont pas de problème pour interpréter les images et photos.
Bonjour,
Je viens refaire un petit tour par ici (en cherchant autre chose!).
Difficile de bosser les verbes au-delà de 7 ans (enfin pour ma part).
Personnellement, j'essaie d'avoir une forte fréquence de présentation du même verbe quand je bosse au niveau de la morphosyntaxe (un peu comme dans ton exemple finalement qui correspond bien à une approche se basant sur la Théorie Usage et Construction si je ne m'abuse).
Je fais varier le S et le O et je reste sur un verbe "stable" en espérant que la répétition permettra un meilleur enracinement.
Après pour étoffer sur le lexique des verbes sur des choses plus précises, je trouve ça difficile.
Je pense que j'espère établir la lecture pour qu'il enrichisse par ce biais.Ce serait peut-être bien aussi de rajouter un niveau discursif dans ton approche.
Ca permet d'avoir un contexte plus riche et donc d'être plus précis au niveau du verbe? (je lance ça comme ça!)Allez je continue mon voyage sur ton blog! :-)
Oui, je voulais me rapprocher de cette théorie. Je n'ai pas réutilisé encore ce matériel. Je n'en ai pas eu besoin. A voir, maintenant, avec mes nouveaux patients !
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!! Attention, placement de produit !!!
En contexte, une fois que l'enfant a plus d'aisance, qu'il a plus de verbes dans son lexique, je me sers d'images avec un élément manquant !
J'ai d'ailleurs vu que des images avaient été crées dans le formidable artiskit et compte bien en faire d'autres pour affiner mes objectifs...
Donc, je prends ces images avec un objet manquant d'une image à l'autre... et je dis à l'enfant (exemple avec qu'est-ce qu'il manque / goûter)
Moi : qu'est-ce qu'il manque ?
Minus : il manque la cuillère ! il manque le feu ! le tabouret !
Moi : ahhh et qu'est-ce qu'il ne pourra pas faire alors ?
Minus : il ne pourra pas manger son yaourt / il ne pourra pas cuire sa viande / il ne pourra pas s'asseoir...
On peut faire l'exercice à l'inverse... je dis au minus : ohhh le petit garçon ne peut pas s'asseoir, qu'est-ce qui lui manque à ton avis ?
Il répond le tabouret (avec ou sans image)... Ainsi, il s'imprègne des verbes en compréhension.
Ca me permet aussi de repasser sur de l'infinitif quand j'ai ramé mon aise pour qu'ils énoncent les verbes fléchis !
Je me suis également fait des collections d'intrus sémantiques autour des verbes en m'inspirant de Lexique pour lire (y'en a mais pas beaucoup)... avec 2 ou 3 objets qui servent à faire la même chose et un autre qui sert à faire autre chose.
Exemple : couteau / scie / ciseaux + chaise si galère / marteau si plus simple.