• Mémoire de travail et dys

    A partir d'une question sur une des listes yahoo et de ma réponse, qu'en est-il du lien entre mémoire de travail et dys ? Peut-on poser un diagnostic de dysphasie, dyslexie, dyscalculie, s'il n'y a pas de déficit en mémoire de travail ? Souvent, cette question est au coeur du diagnostic et ressemble à un débat qui pourrait exister entre psychologues (scolaires, la plupart du temps, mais pas que) et orthophonistes.

    Toutes les études le montrent : les enfants dys ont un déficit en mémoire de travail. Ces études, en général, se fondent sur des groupes, c'est-à-dire qu'il existe une différence significative entre la mémoire de travail verbale des enfants tout-venants (ou typiques, on dit maintenant) et dys (le plus souvent, dyslexiques). Ces études-là ne résolvent pas notre problème : il existe peut-être des enfants qui n'ont pas ces troubles, mais du fait de leur appartenance à un groupe, on ne les voit pas. Premier constat.

    Deuxième constat : La définition de la dyslexie, c'est un trouble de l'identification des mots. Les critères sont un décalage significatif avec les pairs d'âge. Dans les classifications internationales, il n'est pas fait mention de trouble de la mémoire de travail, comme critère de diagnostic. Pour la dysphasie, c'est le décalage au niveau du langage oral, mais pas de mention de la mémoire de travail.

    De mon expérience d'orthophoniste en centre référent des troubles des apprentissages, j'ai souvenir de quelques enfants qui n'avaient pas de trouble de la mémoire de travail. Certes, ils ne sont pas nombreux (c'est pour ça que je m'en souviens, d'ailleurs). Et une étude le confirme. Il s'agit de Neuropsychological Profile on the WISC-IV of French Children With Dyslexia, Maryse De Clercq-Quaegebeur, Séverine Casalis, Marie-Pierre Lemaitre, Béatrice Bourgois, Marie Getto and Louis Vallée, Journal of Learning Disabilities, qu'on peut télécharger ici.

    Dans cette étude, qui a analysé les résultats au WISC-IV d'une cohorte d'enfants dyslexiques consultant au centre de référence de Lille, on retrouve une moyenne de groupe à l'indice de mémoire de travail inférieure à celles des enfants typiques puisque le groupe obtient un IMT (indice de mémoire de travail) de 75, ce qui est leur moins bon score sur les 4 indices de la WISC-IV mais une analyse plus fine révèle que 10 sur les 60 dyslexiques sont dans la moyenne pour cet indice. Certes, aucun n'a plus que la moyenne (ce qui n'est pas le cas pour les autres indices) mais ce qui nous intéresse, c'est que 1/6 de leur population diagnostiquée dyslexique n'a pas de trouble de la mémoire de travail. Donc, ces enfants existent ! Par contre, il est possible (il me semble que ce n'est pas écrit dans l'article, mais j'ai lu en diagonale) que ces enfants soient de ceux qui ont leurs autres indices particulièrement élevés. Dans ce cas, leur IMT est déficitaire au regard des deux autres...


    C'est la première fois que vous venez sur le blog ? Un document pour vous aider à voir ce que vous pouvez y trouver dans ce billet.

     

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  • Commentaires

    1
    Patricia Venant
    Mardi 30 Avril 2013 à 01:01
    Patricia Venant

    Bonjour,

    j'observe quasi systématiquement chez les enfants dyslexiques (disons une centaine de bilans passés) soit un décalage entre mémoire immédiate et mémoire de travail, soit un déficit en MdT et mémoire immédiate. Pour les premiers, la mdt peut être normale, si la mémoire immédiate est très supérieure (> 2 ET, mais jusqu'à  6-7 ET parfois)... Ce sont souvent des enfants vifs, avec un bon vocabulaire... Ils présentent des difficultés tout de même quand la mémoire de travail est mise à contribution dans l'apprentissage, et sont nettement aidés quand les consignes sont segmentées et reformulées à plusieurs reprises...

    Selon moi ces enfants ne sont pas exempts de troubles en mémoire de travail mais leur déficit est masqué par leur bonne mémoire immédiate.

    Pour moi, il y a un lien théorique logique entre les troubles exécutifs/attentionnels (comorbidité élevée avec la dyslexie) et une mémoire de travail "poussive", qui expliquerait peut être cette prégnance de la mdt comme indicateur secondaire chez les dyslexiques.

     

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    2
    Fany Profil de Fany
    Vendredi 3 Mai 2013 à 19:24

    Bonjour

    vous devez être psychologue ? vos observations sont très intéressantes. Avez-vous lu l'article dont je parle ici. Je ne me souviens pas s'ils examinent une telle différence. Quels tests utilisez-vous ? Connaissez-vous les travaux de Majerus sur l'ordre sériel ?

    3
    Patricia Venant
    Samedi 4 Mai 2013 à 09:37
    Patricia Venant

    Non, je suis orthophoniste (mais formé à la licence Universitaire en Belgique (ULB/UCL), très axée neuropsycho !)

    Je n'ai pas encore lu ces travaux mais je vais regarder - j'ai entrepris une petite compilation avec les dossiers de mes patients suivis depuis 3 ans, je vous en toucherai un mot.

    J'utilise les épreuves de la BALE, NEEL et L2MA pour la mémoire et l'évocation lexicale, mais de plus en plus de mes patients passent des QI (WISC ou KABC) et des tests attentionnels.

    4
    Fany Profil de Fany
    Dimanche 12 Mai 2013 à 12:39

    Il faudrait que je me penche à nouveau sur les épreuves de mémoire de ces tests... et recherche d'autres travaux qui font des études différentielles mais votre compilation de dossiers, bien sûr, m'intéresse.

    5
    paya
    Dimanche 20 Septembre 2015 à 22:50

    Bonjour,


    Mon conjoint est dyslexique et depuis très longtemps il me disait que notre fille est comme lui. Je lui disais de lui laisser la page blanche et qu'elle l'écrirait toute seule.


    Elle arrive en CE2 avec une lecture très lente, laborieuse, confusion de son, difficulté dans les énoncés, mauvaise décomposition des mots (les cole, unmolin pour un moulin) les mots du type pluriel, infinitif...


    En juin, on m'a dit que la dyslexie était plus fréquente quand un parent l'était : la page peut être pas si blanche! Je ne savais pas ce qu'était la dyslexie et à la lecture de livres, j'ai mieux compris ma fille.


    Je pensais qu'elle n'avait pas assez de concentration et la poussais. Au mois de juin je l'ai observé en me disant si elle est dyslexique et en la voyant lire, j'ai vu qu'elle redoublait d'efforts. Et au bout d'un moment c'était trop et peut être trop dur.


    L'orthophoniste qui la suit depuis le début de CE1 vient de faire un bilan qui révèle une extrême lenteur dans le déchiffrage des mots... mais elle a de la mémoire.


    Aussi elle ne pense pas qu'elle soit dyslexique.


     


    Je ne veux pas inventer des maux ou excuses à ma fille. Mais mon conjoint a tellement souffert à l'école. L'année dernière ma fille est revenue en me disant que ses maîtresses lui donnaient l'impression qu'elle était la plus nulle de la classe. On m'a dit "elle n'est pas scolaire", elle a du mal à suivre le programme de ce1, elle manque d'autonomie et cette année "il faut travailler plus rapidement"


    Et pour moi, c'est une fille toujours partante pour faire des activités. Elle a redoublé d'efforts pour apprendre à nager. Au centre nautique, elle ne ménage pas ces efforts par tous les temps pour aider... Elle est vive à tendance hyperactive (les chats font pas des chiens). L'orthophoniste dit qu'elle a beaucoup de vocabulaire, de synthase.


     


    Alors ce week end je recherche à comprendre : si ce n'est pas ça, qu'est ce que c'est ? Ne suis pas en train de lui trouver des excuses ? J'avais fait des adaptations en la pensant dyslexique. Ne suis je pas en train de la couver et d'une bonne intention, je l'empêche de surmonter ?


    Merci pour vos commentaires.


     

    6
    Mardi 22 Septembre 2015 à 07:44

    Bonjour Paya,

    il est très difficile de répondre à vos questions sans voir vu votre enfant. Il faut que vous parliez de tous vos doutes à son orthophoniste. Si vous avez besoin d'un 2e avis, vous pouvez toujours prendre rendez-vous chez un-e autre orthophoniste et dans ce cas, je vous conseille de dire pourquoi vous venez dès le début, en donnant le premier compte-rendu que vous avez eu.

    Bon courage

    7
    paya
    Mardi 22 Septembre 2015 à 09:59

    Bonjour,


    J'ai appris a faire attention à mes intuitions de Maman mais en même temps j'ai bien confiance en cette orthophoniste.


    Nous pouvons parler ouvertement avec elle donc je vais effectivement commencer par ça.


    Et puis, je vais aussi prendre un rendez vous avec une psychologue.


     


    Merci

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