• La surdité

    Depuis le 1er septembre 2011, je travaille dans un centre qui accueille des enfants dysphasiques et des enfants sourds. C'est une pathologie que je ne connais pas, je vais presque tout apprendre avec mes collègues, mes lectures, mes recherches sur Internet... Je vous propose de participer à mes découvertes et éventuellement, de m'aider dans mes recherches. Pour l'instant, je ne fais qu'une rubrique qui inclura les liens, les lectures, mes réflexions, etc ... On verra comment cela s’agrandira par la suite.

  • Lorsque je suis arrivée à mon nouveau travail où j'allais rencontrer des enfants sourds, je me suis dit que finalement, sur le plan de la rééducation, je ne serai pas tellement dépaysée par rapport à ma pratique avec des enfants dysphasiques. Des troubles langagiers assez proches, par exemple.

    La spécificité de la rééducation des enfants sourds

    Il y a cependant des spécificités dont il faut tenir compte, qui diffèrent de ce que je connaissais jusqu'alors. Elles sont au nombre de 3.

    La première, c'est la prise en compte de résultats médicaux, comme l'audiogramme, mais aussi le type d'appareillage. L'audiogramme donne des renseignements sur le degré de surdité, sur la perte auditive et surtout, sur la récupération prothétique, ce qu'on appelle souvent le gain auditif. La lecture de l'audiogramme est fondamentale. Elle nous permet justement de mieux s'adapter pour la rééducation langagière, de ce qu'on peut attendre ou pas en terme d'articulation, de phonologie et de langage (lexique et syntaxe) mais aussi pour les deux autres spécificités dont je parle ensuite. Le type d'appareillage est important aussi car bien que les prothèses conventionnelles soient de bien meilleure qualité qu'avant, il reste que l'implant cochléaire est celui qui permet une récupération avec le moins de distorsions et apporte plus de confort aux enfants.

     

    La deuxième spécificité, c'est le projet linguistique. Le choix du projet revient aux parents mais les professionnels doivent expliquer les avantages et les inconvénients de chaque projet, en tenant compte des objectifs des parents, mais aussi de l'environnement (parents entendants, parents sourds) et des facteurs intrinsèques à l'enfant (appareillage, récupération, motivation, …). Le fait que les parents décident est inscrit dans la loi (loi n° 91-73 du 18 janvier 1991). Les parents ont le choix entre 3 types de projets en gros : l'oral accompagné du code LPC, la Langue des Signes Française et le français oral (le vrai bilinguisme), la Langue des Signes et le français écrit (qui est aussi un bilinguisme puisque la langue des signes n'a pas d'équivalent écrit). Je pense qu'un article spécifiquement dédié au projet linguistique pourrait être intéressant, dites-moi. Un article sur la LSF ici.

    Et enfin, la troisième spécificité, c'est l'éducation auditive et ça, j'en avais déjà parlé ici.

     

    Mon tableau sur l'audition sur Pinterest ici. Un groupe facebook sur l'orthophonie et l'audition .

     

    Prenez-vous en charge des enfants sourds ? Qu'y trouvez-vous de particulier ? Ou difficile ?

     

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  • Si vous me suivez, si vous lisez mes articles régulièrement, vous savez que je peux être un peu psycho rigide sur certains termes comme les bilans étalonnés ou les pré-requis….

    Aujourd'hui, j'ai envie de partager avec vous un autre abus de langage qui me fait hérisser les poils, c'est quand on parle de langue des signes à tout bout de champ. Je suis tout à fait pour la démocratisation de cette langue fascinante et longtemps interdite, il va sans dire. Mais ce n'est pas pour autant que je vais cautionner qu'on parle de langue des signes quand on fait du français signé.

    La langue des signes

    Actuellement, il y a deux thèmes qui font beaucoup parler d'eux avec le français signé : le makaton (et tous les systèmes où l'on signe sur de l'oral pour pallier les troubles de la communication) et le baby signs. Dans ces deux cas là, on voit souvent "les bébés apprennent la langue des signes" dans les média ou dans des articles de blog ou alors "les enfants autistes utilisent la langue des signes" . Alors, stop, on arrête, dans le cas du baby sign et du makaton, on fait du français signé, c'est-à-dire qu'on utilise des signes de la LSF (Langue des Signes Française) qu'on colle sur de l'oral mais on ne fait pas de la LSF. La LSF est une langue avec une syntaxe particulière et au-delà de ça une iconicité très particulière impossible à traduire en français. Par exemple, en fonction de la vitesse à laquelle on marche, on signera le mot marcher avec des mouvements plus ou moins rapides. Si je marche lentement, mon signe sera lent. Si je marche vite, mon signe sera rapide.

    Or, si vous êtes dans le baby sign ou le makaton, vous signerez marcher lentement ou marcher vite avec deux signes : vous signerez "lentement" ou "vite" en plus de marcher, et c'est mieux car dans le cas qui nous occupe, des bébés ou des enfants avec des troubles de la communication, ce qu'on veut c'est du français.

    Alors, s'il vous plait, on arrête, on emprunte des signes de la LSF mais on ne fait pas de LSF.

    Sinon, j'y crois, moi, au français signé dans le cas des troubles du langage : j'avais même écrit un article à ce sujet ici.

    Bon, et puis, comme j'y suis, on ne dit pas "le langage des signes" mais "la langue des signes".

    Et je finis par : non, Nathalie Le Breton (cf. émission des maternelles sur les enfants entendants de parents sourds), des sourds qui oralisent n'ont pas une langue particulière, c'est de l'oral comme nous. Parfois la voix est particulière, il peut y avoir des erreurs de français mais pas forcément, et c'est du français, comme nous.

    Et si vous voulez en savoir plus sur la LSF, je vous conseille d'aller faire un tour sur ce blog tenu par un interprète français/LSF.

     

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  •  C'est le point que j'ai trouvé particulièrement obscur lorsque je suis arrivée dans mon actuel salariat à propos de la rééducation des enfants sourds et je pense encore aujourd'hui que je suis loin d'avoir tout intégré.

     

    Le but de l'éducation auditive, c'est d'"amener l'enfant à exploiter au mieux le maximum d'informations acoustiques disponibles pour développer sa parole et son langage oral, le but ultime étant que l'enfant puisse extraire le sens de ces informations constante et continuelle, dans son environnement de tous les jours."  (Busquet, Gaillard et Groh, 2009). Avec l'éducation auditive, on veut que l'enfant puisse faire attention à son environnement auditif et qu'il puisse exploiter ce qui s'y passe en inhibant ce qui n'est pas utile et garder ce qui l'est. On fait de l'éducation auditive avec tous les enfants sourds qui ont un gain prothétique suffisant qu'ils soient appareillés avec des contours d'oreille ou des implants cochléaires.

     

    La première "étape" qui est très évidente et qui l'a été rapidement pour moi concerne tous les bruits. Apprendre à s'intéresser au monde sonore et à le reconnaitre, ça parait essentiel et c'est ce qui est fait avec les petits qui viennent d'être diagnostiqués et appareillés et ceux qui viennent d'être implantés. On parle beaucoup de tout cela dans la formation éducation précoce que je vous présentais ici. Cela fait partie des recommandations de la HAS.

     

    La deuxième "étape" va être nécessaire toute la vie et le fait de parler d'éducation auditive pour cette phase me perturbait et me perturbe toujours beaucoup, notamment quand on parle des grands implantés depuis longtemps.

     

    Lors de la rééducation de ces enfants, on utilise souvent le code LPC. Pour l'intérêt de cette approche, voir le site de l'association ALPC ici. Les enfants utilisent donc audition, lecture labiale complétée par le code (LfPC = Langue française Parlée Complétée) pour toutes les activités liées à la phonologie, la syntaxe et le lexique. L'éducation auditive va donc consister à passer par de l'auditif pur sans le code LPC mais aussi sans lecture labiale, sans aide de communication totale.

     

    Si vous voulez savoir comment on fait, il y a un excellent livre très pratique qui décrit toutes les étapes de l'éducation auditive. C'est d'ailleurs de ce bouquin que je tire la citation de la définition.

     

    On trouve des listes de mots proches un peu partout dans le matériel orthophonique. Actuellement, j'utilise :

     

    Enfin, sur le site de l'IFIC, il existe des entraînement en ligne, pratiques pour les ado et les adultes, qui peuvent le faire à la maison. C'est .

     

    Pour rédiger cet article, j'ai un peu cherché des références d'articles sur le sujet où on nous dirait les résultats de ces entrainements, comme on en trouve pour d'autres domaines en orthophonie (même si cela reste modeste) mais je n'en ai pas trouvés. Cela ne veut pas dire que cela n'existe pas. Alors, si vous en connaissez, merci de le dire.

     

    Et vous, pratiquez-vous l'éducation auditive ? Avez-vous des choses à nous proposer ?

     

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  • Je tenais à partager avec vous quelques mots au sujet de cette formation que je viens de suivre. Il n'est pas question d'en faire une fiche, comme pour mes lectures mais plutôt de vous en montrer l'intérêt ou pas, en fonction de votre pratique ou vos intérêts.

    Comme son nom l'indique, elle est destinée à des orthophonistes s'occupant de petits enfants sourds entre 0 et 3 ans ou bien sûr, parce que cela vous intéresse ou que vous allez en suivre. Je pense que pour prendre en charge ces enfants, il faut déjà avoir un peu d'expérience avec des enfants plus grands avec une surdité parce que sinon, se lancer à la fois dans le précoce et la surdité en même temps, c'est compliqué.

    Cette formation est animée par l'équipe de Codali, équipe bien connue des orthophonistes franciliens ou ayant fait leurs études à Paris, car Mme Descourtieux enseigne à Paris et est la directrice et la fondatrice de Codali.

    Dans cette formation, il y a des ateliers (nous en avons vraiment fait deux), des vidéos et bien sûr, des exposés, qui sont à la fois théoriques et pratiques : on nous donne vraiment des idées pour travailler avec les bébés et les enfants de cet âge. C'est une éducation à visée oraliste, qui utilise les signes pour installer les signifiants mais à la façon français signé. On parle de projet des parents un peu à la fin. (en fait, c'est implicite, si les parents ont choisi Codali, c'est qu'ils ont un projet oral pour leurs enfants).

    L'implant cochléaire, dans cette formation, peut donner l'impression d'être "magique". Pour Mme Descoutieux, il faut viser la norme, celle des enfants entendants : les enfants présentés en vidéo tout petits ont un langage normal plus vieux (après 6 ans).

    Voici comment se découpe la formation :

    • L'accompagnement familial, très présent tout au long de l'exposé, focus qui donne de très bonnes pistes pour TOUS les accompagnements parentaux. Il y a une formation spécifique à l'Acfos sur ce point par la même équipe.
    • L'annonce du handicap, point de vue de la psychologue
    • Le bébé : séances bébé-parent pour accompagner le parent, comment interagir à 3 ?
    • L'audition : des rappels sur les appareillages et les différentes étapes de l'éducation auditive (dont je vous parlerai aussi très prochainement dans le blog)
    • La communication : objectif principal de l'accompagnement précoce
    • La parole : présentation, entre autres, des jeux phoniques dont je vous parle ici.
    • L'évaluation du jeune enfant : présentation d'un protocole de Codali que Mme Descourtieux fait passer à tous les enfants qui quittent le SAFEP (service de soins avant 3 ans) pour entrer à l'école.

    En conclusion, c'est une formation vraiment indispensable si on veut se lancer dans ce type de prise en charge. Si j'ai à m'occuper de ces enfants par la suite, je reviendrais vous dire si cela suffit ;)

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  • Comme pour les troubles du langage oral, il existe aussi des recommandations concernant les enfants sourds avant 6 ans. On les trouve ici.

    Actuellement, je n'ai pas le temps de regarder mais les documents de la HAS sont intéressants aussi par la recherche documentaire qui a été faite et est retranscrite.


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