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    Je sais que certains profs « traînent » sur le blog. Et il y a beaucoup d’enseignants spécialisés ou non qui me suivent sur Twitter. Je voudrais illustrer nos différences de points de vue sur les enfants.

    Loulou a bientôt 10 ans. Il a une dysphasie expressive avec un petit trouble phonologique, un manque du mot et un petit trouble de l’encodage morphosyntaxique. Son langage oral est fonctionnel : il est intelligible, informatif et se débrouille bien en conservation, ce qui d’ailleurs ferait dire à certains que Loulou souffre plutôt de séquelles de retard de parole et langage …. Sa lecture est, elle aussi, fonctionnelle. Elle est lente mais Loulou peut lire à haute voix et comprend parfaitement ce qu’il lit, même des textes de niveau CM. C’est en orthographe que les difficultés sont les plus marquées car son orthographe n’est pas toujours phonologiquement plausible. De plus, il souffre de difficultés graphomotrices.

    Il a passé les 4 dernières années dans le centre où je travaille. Il vient d’être réintégré en CM1, dans son école de quartier, avec une année de retard sur son âge chronologique et l’ergothérapeute et moi-même sommes allées rencontrer l’équipe de l’école (le directeur, son enseignant, la psychologue scolaire et d’autres enseignants intéressés par une information sur la dysphasie) pour présenter la dysphasie et le profil de Loulou.

    Pendant notre présentation, je voyais bien que M. le prof de Loulou n’avait pas l’air très intéressé. Il était peut-être fatigué aussi mais il fermait régulièrement les yeux. Au moment des diapositives des aménagements, il nous explique que pour lui, Loulou n’a pas plus de difficultés que les élèves de sa classe : il n’est pas fatigable, il peut écrire très bien quand on lui donne un modèle, connaît ses tables de multiplication, résout très bien les problèmes de mathématiques.

    Mon premier sentiment, c’est « chouette, Loulou s’en sort bien ! ».

    Mon deuxième sentiment, c’est « on sait qu’il peut faire tout ça. C’est pour ça qu’on l’a réintégré. C’est un enfant volontaire qui doit se donner à fond, mais à quel prix. » Alors, ma collègue et moi essayons de reparler de la notion d’effort cognitif, du fait que la fatigue ne se présente pas de la même manière chez tous les enfants : il n’a pas l’air fatigué mais d’autres manifestations peuvent apparaître. Il finit par comprendre ce qu’on veut dire quand on parle de l’expression écrite qui est la tâche la plus ardue pour Loulou qui doit mobiliser toutes ses ressources pour gérer l’orthographe phonétique, lexicale, grammaticale, son geste grapho-moteur, la construction de phrases, etc… Et là, il a vu qu’il n’était pas tout à fait comme les autres.

    Mon troisième et dernier sentiment, c’est « a priori, le prof de Loulou le voit comme un élève performant et ce regard peut aussi lui faire du bien. »

    J’ai souvent entendu cela en me rendant dans les écoles où on réintégrait les enfants : « oh, là, là, vous vous faîtes tout un monde, mais il se débrouille bien, cet enfant ! ». On réexplique que c’est pour ça qu’on l’a réintégré, on savait que cet enfant pourrait y arriver. Un passage par l’enseignement spécialisé ne veut pas dire qu’on y restera toute sa scolarité. Et le but des structures où j’ai travaillé, il est là, réintégrer les enfants dans leur école, dans la « vraie » vie. Cependant, ces enfants restent vulnérables, leurs apprentissages ne sont pas automatisés et si on pouvait mesurer l’effort cognitif qu’ils fournissent, on verrait combien cela est difficile pour eux !! Et puis, la dernière chose, c’est qu’on se remémore les mots qu’on avait vus dans les cahiers de ces enfants avant l’école spécialisée « ne fait rien, n’apprend pas ses leçons, n’écoute pas en classe ». Oui, l’enseignement spécialisée leur a fait rattraper un certain retard (pas partout), leur a redonné confiance en eux, en leurs apprentissages, en l’école, mais de grâce, chers professeurs, mesurez bien ce que ça leur demande, certains aménagements proposés sont là justement pour que l’effort soit moindre et qu’ils puissent se concentrer ailleurs que sur la formation des lettres ou le pluriel des substantifs, ne les dégoûtez pas de l’école à nouveau ;)


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    Marie-Amélie Poirier-Coutansais m'a dit du bien de cette formation qui a lieu le samedi 12 octobre à Paris ou dans les Hauts de Seine. Alors, voilà, je vous en parle. Voici son papier de pprésentation :

    Par contre, pas la peine de me poser des questions dessus, je ne saurai pas vous répondre. Il y a son mail sur ce papier.


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  • Depuis un moment déjà, sur mon blog figure le lien vers Dys-vocal, qui intègre le logiciel Coupe-Mots qui permet, entre autres, de réécrire des mots, des phrases, des textes selon le principe de l’imprégnation syllabique (tout le monde connaît mon intérêt pour ce matériel, vous pouvez voir ça ou , par exemple). Mais voilà, je récolte des tas de choses sur le net, mais je n’essaie pas forcément tout de suite. Et aujourd’hui, je viens de tester coupe-mots et découpage syllabique en couleurs sur les questions d’une séquence de l’excellent matériel Créamots (voir mon article ). Et ça donne ça :

    Pas mal, n’est-ce-pas ? J’ai juste changé l’île qui était découpé l’île, ce qui est juste d’un point de vue du découpage des mots mais qui pour une certaine fluidité de lecture, est moins intéressant (bon, ça se discute, ce point de vue). En plus d’être juste, ce découpage est très rapide. Vous copiez ou recopiez votre texte dans le logiciel, vous cliquez sur le bon bouton et hop, c’est fait. Quel gain de temps !! Maintenant, il faudra juste que je me souvienne que je peux utiliser ce petit logiciel et non m’amuser à tout découper, car les habitudes, même celles qui font perdre du temps, sont difficiles à abandonner.

    Et vous, l’avez-vous utilisé ? Qu’en avez-vous pensé ?


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  • Organisé par le SDOP pour l'Île de France.

    L'histoire de cette initiative ici ou ou encore .

    La maternité où je me suis rendue fait partie d’une clinique privée de la grande couronne de la banlieue parisienne, assez mixte au niveau socio-culturel. Il y a une vingtaine de chambres.

    Lorsque je suis arrivée ce mercredi en début d’après-midi, les affichettes avaient été collées et le personnel que j’ai croisé semblait au courant. J’ai été très aimablement accueillie par la remplaçante de la surveillante générale.

    J’ai donné l’affiche sur info-langage.org et la surveillante avait l’air intéressée. Elle m’a dit qu’elle la collerait dans le service gynéco qui accueille les femmes en consultation. Je me suis dit qu’effectivement, cela pouvait être une bonne idée car pendant la grossesse, les futures mamans ont peut-être plus de temps et sont souvent avides d’informations sur leur futur bébé.

    Grâce à la réunion préparatoire, je me suis souvenue qu’il fallait demander quelles chambres il valait mieux éviter : on m’a signalé une maman kosovar non francophone et une autre, césarisée qui venait d’accoucher.

    Dans les chambres, les familles étaient très contentes de me voir. La plupart du temps, il y avait une visite : un grand-parent, le papa, les autres enfants ou même un nombre impressionnant de personnes.

    Les familles sont un peu sur la défensive au départ. Je comprends, elles reçoivent de nombreuses visites. Mais dès que je précisais que je n’avais rien à vendre (merci à la réunion de préparation, j’avais retenu cette formule), déjà ça allait mieux.

    Dans 3 chambres, j’ai peu échangé : l’une des mamans, infirmière scolaire, m’a dit qu’elle savait déjà tout, une autre maman avait l’air vraiment défendue : elle attendait un biberon pour son bébé et semblait anxieuse, et enfin, cette maman qui avait de nombreux visiteurs et j’avais l’impression de gêner. A ces familles, j’ai donné un livre et la feuille explicative, j’ai expliqué le but de l’action mais je ne me suis pas attardée.

    Dans une autre chambre, la maman était visiblement très fatiguée, elle avait accouché dans la nuit (ou le matin) et avait besoin de repos. Cependant, elle était très intéressée, avait des questions (c’est son premier bébé) et aurait aimé que je repasse un autre jour (ce qui n’était pas possible).

    Dans toutes les autres chambres (7), nous avons longtemps échangé. J’ai eu des questions sur le métier d’orthophoniste, sur le but de cette opération, sur l’intérêt de la lecture aux bébés, sur les échanges entre le bébé et les aînés, sur des indicateurs de problème. J’ai aussi beaucoup écouté sur leurs expériences précédentes avec les aînés et les livres avec les mamans, mais aussi avec les papas, les grands-mères.  Les questions étaient particulièrement plus importantes lorsque c’était le premier bébé. Toutes les familles ont aimé l’initiative et ont dit qu’il fallait continuer. La plupart semblait accorder de l’importance aux livres dès le départ, sauf une maman, mais qui m’a paru convaincue lorsque je suis partie. Les livres ont été appréciés. Pour les premières, je leur demandais si elles voulaient un livre cartonné ou en tissu et les livres en tissu sont partis en premier : il me semble que l’aspect doux, assimilable à un jouet était important avec les nouveau-nés pour les familles. Ensuite, je leur faisais choisir un livre parmi trois et elles avaient du mal à choisir. Les livres ont été appréciés et certaines ont même attentivement regardé les autres livres proposés pour probablement les acheter ou les consulter plus tard.

    Deux familles m’ont demandé mes coordonnées et  du coup, j’étais bien contente de travailler en salariat et de ne pas pouvoir les leur donner. J’aimerais savoir comment les collègues s’en sont sorties dans ce cas-là.

    Pour améliorer ma venue la prochaine fois, je tiendrai un vrai registre des chambres visitées : là, j’écrivais sur une carte de visite que la sage-femme m’avait donnée et évidemment, je l’ai perdue !

    J’espère refaire cela l’an prochain et pourquoi pas dans la même clinique !

     

    C'est la première fois que vous venez sur le blog ? Un document pour vous aider à voir ce que vous pouvez y trouver dans ce billet.


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  • Ici, vous pouvez télécharger une bibliographie très complète sur les dysphasies (c'est celle qui me sert pour mes formations et mes cours) mais elle est très longue. Alors, je vous en ai fait une plus courte avec les essentiels dont certains articles sont en téléchargement gratuit sur Internet (les articles). Et comme certains sont très pressés, en gras, les articles et les livres indispensables !

    Bonnes lectures



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